Summary of Talk by our Guest Speaker Hervé Rigolot of the Mouvement Conservateur in France.

Paul Thomson, BCiP President, has prepared his summary below of the talk given by our guest speaker Hervé Rigolot of the Mouvement conservateur in France, at our « getting together again » dinner event on the 17th November, 2021 after a long, virus-induced absence.

Retrouvailles chez Les Noces de Jeannette à Paris, le 17 novembre 2021

Conférence de l’invité d’honneur M. Hervé RIGOLOT

du Mouvement conservateur (« MC. »)[1]

Après un long hiatus dû aux perturbations Covid British Conservatives in Paris (« BCiP ») a tenu une soirée fort chaleureuse et éclairante sous le charme d’un endroit féerique, à proximité de l’Opéra-Comique dans le 2° arrondissement de Paris, où nous nous sommes (enfin) retrouvés, à savoir le restaurant Les Noces de Jeannette.

Après quelques mots de M. Raf PITTMAN, de la part de Conservatives Abroad, Jeremy STUBBS, le charismatique Président et animateur en chef de BCiP, a introduit M. RIGOLOT (« HR »), en vantant les qualités d’intelligence et de hauteur de vue de notre invité : en effet, nous n’allions pas être déçus.

L’objet de son intervention : la présentation de MC. ; et quelques réflexions « trans-manchiennes » sur les liens, et différences, entre les versions de conservatisme rencontrées respectivement des deux côtés de ce cour d’eau bien connu pour sa tendance à isoler le Continent.

Conservatisme manquant en France.   Contrairement au monde anglo-saxon ou à l’Allemagne, selon HR la France serait dépourvue d’un conservatisme politique (et pensé) bien établi sur l’échiquier politique et dans le monde des idées politique.  HR attribue cet état de fait aux divisions remontant aux séquelles immédiates de la Révolution française, et jamais durablement dépassées depuis : avec d’une part une tendance légitimiste, royaliste et à la recherche d’une restauration ; d’autre part une tendance dite souvent « bonapartiste » – plus autoritaire et axée sur la personne du « grand leader », mélangeant éléments conservateurs et modernistes ; et enfin une mouvance libérale (souvent associée au régime de Louis-Philippe (1830-1848) – avec la devise célèbre de M. GUIZOT : « Enrichissez-vous »).  Ces trois courants répugnent le plus souvent à faire cause commune, chacun se refermant dans un « splendide isolement » malheureusement assez stérile.  Un conservatisme constructif à la manière d’Edmond Burke, de Benjamin Disraeli voire d’Otto von Bismarck peine à prendre forme ou, s’il pointe le nez un moment (cf. le gaullisme originel) à se consolider.

Conservatisme enraciné dans le monde anglo-saxon.   En revanche, dans le monde anglo-saxon il en va autrement :  le conservatisme est une force politique et dans le monde des idées à la fois enracinée et dynamique – capable d’accompagner voire orienter (pour le bien du pays) les mouvements de la société voire de la science, de l’industrie du commerce etc.  HR fait référence à différentes figures – allant de George Orwell (avec sa notion de « common decency ») jusqu’à Roger Scruton, qui souligna l’importance de la culture et de la beauté dans la création et le maintien d’une société humainement accomplie – après avoir rappelé la différence fondamentale entre la « Glorious Revolution » de 1688, qui visa la remise en selle et la sauvegarde de droits et vertus très anciens dans la vie de la polis anglais ; par opposition à la Révolution française qui se faisait fort de repartir d’une feuille blanche (la fameuse « tabulas rasa ») avec pour corollaire la destruction tout simplement de l’existant.

Un pont entre continuité, respect de la personne humaine et réformes au profit des moins favorisés : la doctrine sociale de l’Eglise.   L’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII[2] dirigea résolument la sollicitude de l’Eglise vers la question sociale – le drame de la pauvreté, du déracinement, de l’ensauvagement même– de larges couches de la population suite au mouvements d’industrialisation, de développement des villes et d’un prolétariat urbain, tout au long du 19° s.  Cette doctrine, développée amplement par la suite, permit l’émergence d’idées de réforme plongeant leurs racines dans le bon vieux sol chrétien de l’Europe.  Une réconciliation entre défenseurs d’un ordre ancien et pourfendeurs de réformes humainement nécessaire devient possible.

MC. : de la protestation ciblée à l’ambition politique large.   HR nous a raconté les débuts de MC. Remontant à l’époque de la contestation du projet de loi en France autorisant le mariage homosexuel. 

Même si ce combat a été perdu, la mobilisation assez massive et déterminé des opposants au projet a permis de prendre conscience justement de l’existence au sein de la société française d’une partie de celle-ci qui osait proclamer son désaccord avec des changement « sociétaux » jugés nocifs, voire constituant une véritable régression. 

Un groupe appelé Sens commun a été bientôt établi qui visait à organiser ces voix et à leur permettre d’intervenir dans les débats et les joutes politico-idéologiques. 

Toutes sortes d’attaques en bonne et due forme ne pouvaient manquer de surgir pour essayer de tuer dans l’œuf une telle dissidence.  Mais Sens commun a poursuivi son chemin, même après la déconvenue vécue avec le torpillage médiatique/judiciaire de la candidature à la présidence de la République de François Fillon. 

Depuis lors MC. a été créée, dans la prolongation de Sens commun, mais avec une ambition plus générale : donner forme à une pensée conservatrice à la fois enracinée et réformatrice (en vue d’une véritable amélioration des conditions de vie et d’épanouissement des citoyens – et de la société toute entière) – et porter cette pensée dans l’arène politique.

Mélanger religion et politique ?   Parmi les questions posées à la suite de la conférence : ne convient-il pas, notamment en France, d’éviter de rattacher un mouvement politique (car c’est bien ainsi que MC. semble se considérer désormais) à une religion, quelle qu’elle soit ?

HR clarifia qu’il chercha simplement à nous expliquer que des idées ou inspirations portées dans la sphère politique pouvait provenir d’idées chrétiennes.  Il n’a jamais prétendu que MC. puisât ses inspirations exclusivement à des sources chrétiennes.  Il en convint sans hésitation– et c’est une évidence ! – qu’il ne s’agit pas de prôner un régime politique confessionnel voire clérical !

Une pénurie d’offre dans la vie politique française.   Un autre membre de l’assistance interrogea HR sur sa compréhension du phénomène alarmant de l’abstentionnisme.  Pour y répondre notre invité a rappelé – pour le déplorer – les obstacles institutionnels qui se sont établies, renforcées et accumulés ayant pour conséquence d’entraver l’action des responsables politiques de la France.[3] 

Du coup le champs des possibles se rétrécit.  En caricaturant : l’offre politique se réduit à des nuances toutes plus ou moins conformistes d’une doxa que l’on ne saurait remettre en question ; et les électeurs se demandent pourquoi se fatiguer à aller voter – puisque sur les grandes questions c’est Bruxelles, Luxembourg, Francfort ou Strasbourg qui décident – en se moquant d’ailleurs assez franchement des velléités de rébellion des légions de non-initiés, non-éclairés et non-admis (dans le cercle des décideurs). 

Cette évolution bien réelle est préoccupante au plus haut point : ce sont les fondements mêmes de la démocratie libérale et de la souveraineté des états qui sont ainsi de plus en plus compromis.

Le temps politique : un horizon de trente ans ?   Clairement rejetant tout déterminisme dans le monde politique comme celui des idées, HR nous explique que d’une part il ne faut pas s’attendre à réaliser des changements majeurs dans le logiciel politique d’une pays ou d’une société du jour au lendemain – un horizon de trente ans devrait plutôt être envisagé pour bien ajuster une stratégie à faire évoluer les choses dans le temps. 

Ce qui ne vaut nullement licence à traîner, s’endormir ou partir s’installer sur la plage – en attendant paresseusement que cela se passe et se fasse. 

Au contraire : sans une volonté pérenne d’agir et d’aboutir, l’Histoire risque fort de nous laisser sur le bord du chemin.

PT


[1] www.mouvementconservateur.fr

[2] De 1891

[3] Le même phénomène se retrouve au R.U/ et dans d‘autres pays occidentaux.  Le gouvernement de Boris Johnson essaie d’y fixer quelques limites (par ex. en ce qui concerne les tendances interventionnistes des tribunaux – cf. la décision du tribunal de dernière instance en Angleterre rongeant les privilèges de l’exécutif par exemple en matière de prorogation du Parlement).

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